Quel est le lien entre les “tablettes de malédiction” et la Bible ?
Choses à Savoir HISTOIRE - A podcast by Choses à Savoir

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À première vue, tout semble opposer la Bible, texte sacré du christianisme, et les mystérieuses "tablettes de malédiction", objets païens de l’Antiquité. Et pourtant, ces défixions, petites plaques de plomb utilisées pour maudire un ennemi ou influencer les dieux, pourraient avoir laissé une trace dans l’écriture même de certains textes bibliques. Un lien inattendu… mais éclairant.Ces tablettes de malédiction, répandues dans le monde gréco-romain entre le Ve siècle avant J.-C. et la fin de l’Empire romain, contenaient des formules magiques destinées à nuire à quelqu’un. On les déposait dans des tombes, des puits ou sous les temples, croyant ainsi que les esprits ou divinités infernales transmettraient la malédiction à la cible. Il pouvait s’agir d’un adversaire au tribunal, d’un rival amoureux, ou même d’un concurrent aux jeux.Ces textes étaient souvent écrits dans un style très particulier : formules brèves, répétitives, parfois en langage codé ou en grec mêlé de latin, appelant à la vengeance ou à la destruction. Et c’est là que le lien avec la Bible devient intéressant.Des chercheurs en philologie et en histoire des religions ont remarqué que certains psaumes de l’Ancien Testament, en particulier les psaumes dits "imprécatoires", utilisent un langage étonnamment proche de celui des défixions. Par exemple, le Psaume 109, souvent cité à ce sujet, contient des invocations virulentes :« Qu’un autre saisisse ses fonctions ! Que ses enfants deviennent orphelins, et sa femme veuve ! »Ces passages, appelant clairement à la perte ou à la punition d’un ennemi, utilisent la malédiction comme moyen d’expression religieuse, tout comme les défixions païennes. On y retrouve la même idée : confier à une puissance supérieure la tâche d’infliger une justice vengeresse, dans un style incantatoire, presque magique.Bien sûr, les intentions ne sont pas identiques. Les tablettes païennes sont liées à des rituels magiques personnels, tandis que la Bible, même dans ses passages les plus violents, s’inscrit dans une tradition spirituelle plus vaste. Mais la forme et le ton suggèrent que les auteurs bibliques ont pu puiser dans des pratiques culturelles courantes, pour exprimer leur détresse ou leur désir de justice divine.En somme, les tablettes de malédiction nous rappellent que la Bible n’est pas née en dehors de l’Histoire, mais au cœur d un monde ancien où magie, religion et texte sacré coexistaient. Elles offrent une clé pour comprendre comment le langage de la foi a parfois intégré, transformé… ou recyclé des formes venues d’ailleurs. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.